Oui… mais un sac à dos !

Les copains, les copines, la famille, tout le monde se donne le mot et les bébés fleurissent ici et là comme par enchantement. C’est contre ma religion d’offrir un vêtement trop « cute » ou un jouet trop « mignon ». La psychorigide que je suis ne va pas rentrer dans cette discussion, mais heureusement pour les parents et les bébés, je suis plutôt l’exception. Je n’aime pas offrir des vêtements ou des jouets ; par contre j’aime offrir quelque chose d’utile, un peu durable (comprendre « qui servira plus que 2 mois ») et qui soit unique. Les cadeaux idéaux sont, selon mon point de vue d’amie-couturière, la couverture doublée (voir le tuto) et le grand sac fourre-tout.

 

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Grand sac fourre-tout, récemment offert à une joyeuse pair de futur parents (encore quelque jours!)

Pour que ce soit encore plus utile et durable, le mieux reste de demander directement aux futurs parents quels sont leurs besoins et peut être leurs envies. En les aiguillant un peu, ce n’est pas vraiment de la manipulation, juste un petit « notch » (voir le dernier prix Nobel d’économie) pour clarifier le besoin. Sauf que tout le monde n’est pas notchable ou manipulable si facilement et ma stratégie a été anéantie par la réponse toute évidente des derniers-futurs-parents-en-date: « Un sac, super bonne idée ! Oui, mais un sac-à-dos».

Un SAC-A-DOS ? Houps, mais je n’ai jamais fait ça moi… J’ai habillé des dos, j’ai fait des sacs, mais j’ai jamais mélangé les deux ! Peut-on dire NON à quelqu’un qu’on a essayé de manipuler ? Peut-on dire NON à quelqu’un qu’on aime ? Peut on dire NON à un défi couture ? Ben NON !

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Conceptualisation

La demande de base était assez simple, sac-à-dos avec grande ouverture pour pouvoir facilement accéder au fond du sac sans tout vider, pas un tissu trop “bébé”, trop « gnan-gnan ».thumbnail_IMG_20171029_083754_440_resized

Qui dit sac à bazar dit poches séparées pour retrouver facilement et en urgence les clés, la tutute et le matériel stratégique. Un petit croquis, quelques mesures et me voilà partie dans une nouvelle aventure. J’aime.

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Pour ce genre de pièce, il n’est pas question de se laisser porter la musique et d’improviser au fur et à mesure. Il est indispensable de penser les détails dès le début puisque ce sont les premiers éléments à coudre. En particulier, les poches internes, les bretelles, les fermetures éclair.

Après réflexion, il y aura une grande poche plate sur le devant du sac (lange compatible), une poche à fermeture éclair à l’intérieur (smart phone compatible) et éventuellement des petites poches qui ne ferment pas sur les côtés du sac, à l’intérieur. De plus, il me semblait évident que la fermeture éclair devait être avec deux curseurs partant du bas. Ainsi, pas d’angoisse d’avoir la moitié de son bazar qui se fait la malle dans la rue quand la fermeture n’est pas complètement descendue.

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Pour les dimensions globales, je me suis inspirée d’un sac à dos de grande marque, modèle « Business » et qui a une capacité qui me convient bien lorsque je voyage pour le boulot. La forme  étant sensiblement différente, le nombre de poches notablement moins élevé, j’ai relevé uniquement les mesures extérieures pour fixer les proportions et les dimensions générales.20171219_105552_1516344752660_resized

Mise en œuvre

Je n’ai pas, à proprement parler, décomposé toutes les étapes systématiquement, mais je me suis vraiment concentrée pour faire tout dans l’ordre. Pour résumer, la dernière étape est d’assembler la doublure avec la fermeture éclair principale. Il faut donc que chaque pièce soit complètement assemblée séparément. La doublure doit être assemblée aves les poches intérieures, l’extérieur doit être assemblé avec la poche de devant, les bretelles, la poignée du haut et bien sur la fermeture éclaire principale pour attacher tout ensemble.

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Parlons d’abord des bretelles, c’est l’élément différenciant et incontournable d’un sacs à dos. Ces bretelles, je ne les voyais que réglables et confortables. N’ayant aucune expérience en termes de confort bretellaire, je me suis lancée à tâtons en superposant ouatine et triplure molletonnée normalement dédicacée coussins et autres canapés. Deux couches de ouatine, deux couches de triplure, mon tissu de finition. Inutile de vous dire la galère pour retourner ces fichues bretelles une fois terminées. Après trente minutes de bataille intense, j’étais en nage, mais j’ai vaincu cette première étape bretelles. Pour verrouiller le tout, j’ai fait une ligne de couture verticale au beau milieu de la bretelle pour un aspect très « standardisé ». J’était tellement fière de moi… J’étais encore loin d’être au bout de mes peines.

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Les bretelles qui ont poussées ma MAC bien loin de sa zone de confort (et moi aussi)

 

Ensuite vient le moment d’attacher toutes ces épaisseurs de triplure et de ouatine à une sangle, assez épaisse, en s’appliquant pour faire la plus jolie finition possible. En pliant le bout de la sangle sur elle-même pour faire une finition en trapèze, j’ai atteint les limites de ma machine à coudre. Après avoir cassé deux aiguilles standard, je me suis souvenue que j’avais aussi des aiguilles Jeans, bien plus appropriées. Une fois cette faiblesse résolue, la problématique principale fut la gestion du pied presseur qui naviguait partie sur une grosse pile de tissu et partie sur le néant. Le pauvre s’est fait la malle plusieurs fois en pleine couture, tordu entre le trop et le rien. L’ensemble à coudre était tellement épais que le pied presseur ne bougeait pas d’un millimètre quand je l’abaissais ou le levais. Des sueurs froides permanentes ont accompagné cet instant de couture extrême. Mais le résultat final en vaut largement la peine, heureusement !

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Le fond et le dos du sac à dos ont été triplés avec la fameuse triplure « canapé ». Cette triplure doit bien faire 3 à 4 millimètres d’épaisseur et reste assez souple, ce qui donne de la structure sans rigidifier l’ensemble. Je suis contente du résultat.

Concernant la fixation de la fermeture éclair principale, je n’ai pas réussi à la coudre à la machine jusqu’au bout étant donné le montage du sac. Quelques points à la main de part et d’autre et hop c’est réglé. Je ne sais pas si un autre ordre de montage aurait pu permettre d’éviter ces petits points de finition à la main… ou pas.20171219_105546_1516344755011_resized

Bien sûr j’avais laissé une ouverture dans la doublure pour pouvoir retourner la bête, mais avant de la refermer à tout jamais, j’ai attaché les surplus de couture de la doublure à la partie extérieure, à plusieurs endroits, pour forcer la doublure à bien prendre la forme intérieure du sac.

Analyse et remise en question

Et voilà, fière, fini. Fini ? Et bien non ! Parce-que je n’étais pas satisfaite de l’ensemble et en particulier des proportions générales du sac. Il était trop haut. Trop long. Trop grand quoi !

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La première version du sac-à-dos. version très (trop) grand

Bien que j’adore le tissu choisi pour ce sac, j’étais tombée entre temps sur un autre magnifique, plus assorti avec les futurs propriétaires (moins bébé). Séance d’entrainement terminée, on recommence tout et tant qu’à faire, autant varier les plaisirs et surenchérir sur les combinaisons de tissu… Votre œil attentif reconnaitra les combinaisons de tissu des articles exposés au marché de Noël .

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J’ai donc pris mon courage à deux mains, sachant cette fois à quoi je m’attaquais, j’ai retranché trois centimètres en hauteur au patron et vogue la galère. Je suis repassée par les sueurs froides des bretelles, j’ai encore cassé quelques aiguilles, j’ai poussé ma machine dans ses derniers retranchements,

ET voilàààà.

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Version finale

Alors ça me fait deux sacs pour une seule paire de parents. Heureusement, un géant qui passait par là a été séduit par la démesure du premier et il me l’a acheté. Héhé tout rentre dans l’ordre, rien de perdu, que du plaisir!

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18 thoughts on “Oui… mais un sac à dos !

  1. Tant qu’il y a du plaisir !!! Bon, on va tous chercher un géant avec un super sac à dos maintenant !!!
    Celui dédié aux futurs jeunes parents est splendide aussi, pas de jaloux !

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  2. Belle idée qui laisse les mains libres. J aime beaucoup les associations de couleurs. Petit truc ici quand on coud du très épais avec du plus fin. Flute pas moyen de coller le lien sur cette tablette. Va voir “je fais moi meme et coudre les épaisseurs” Truc utile pour les sacs (si jamais tu en refais un) et aussi pour les jeans. J ai vu ca en premier, tres bien expliqué, sur un cours gratuit sur les bases de la couture, c est donné par Annie Coton sur artesane. Long, complet et très intéressant , pas que pour les débutantes

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  3. oui en effet pour que le pied presseur évite de pédaler dans le vide, il faut faire une cale à épaisseur (un simple carré de tissu replié autant que nécessaire fait l’affaire)
    Tes sacs sont magnifiques, j’espère que les parents sauront apprécier ce cadeau, avec ce qu’ils t’ont coûté de suées et de drames couturistiques!
    Je t’admire d’avoir tout patronné et calculé en partant de zéro…Le résultat est est top!

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    1. i, je suis arrivée à un système “D” qui ressemble à ta cale, mais que je n’appliquait que ou moment ou j’avais un problème, plutot que de l’appliquer dès que j’avais des épaisseurs pour éviter les problèmes. J’y penserai pour la prochaine fois d’utiliser ce truc depuis le début. Merci beaucoup!!

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  4. J’allais te donner la même astuce pour la cale de tissu sous le pied presseur, depuis que je connais cette astuce, les grosses épaisseurs de sangles ne me font plus peur (et fini les aiguilles cassées) . Et si ça patine un peu encore, tu glisses une épaisseur de papier patron sous tes tissus qui permettra de tout solidariser, et qui s’enlèvera facilement une fois la couture terminée.
    Sinon niveau pratique, pour tes prochaines versions, tu peux rajouter une poche élastiquée sur le côté extérieur 😉.
    Comment as tu choisi la position des bretelles sur le haut du sac ? (sur la première version, et au vu des photos, elles aurait peut être mérité d’être plus à l’extérieur du sac ?) en tous cas, c’est sur que les cadeaux comme ceux la sont les plus utiles😉

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    1. Pou la cale, j’étais arrivée à ce genre de conclusion tout à la fin de la couture des bretelles. Mais je vais effectivement penser à le faire systématiquement quand j’ai des épaisseurs.ci! . Concernnt l’écartement des bratelles du plus grand sac, je sui sd’accord avec toi, c’est probablement trop serré. C’est du au fait que le sac est assez grand et porté très haut (sur les photos). J’avoue que j’ai repris l’écartement des bratelles de mon sac à dos du commerce utilisé pour les proportions….

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  5. Ah ben dis donc ! Tout d’abord bravo pour le patronnage de ce genre de pièce ! Et la réalisation également ! Tu arrives à un très beau sac à dos !
    Tu vas pouvoir en coudre en série maintenant 😉

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  6. C’est vraiment une bonne idée les sac à dos à langer. Pour moi aussi, c’est sac à langer Comme cadeau De naissance, utile et pratique même après que bébé ait grandit, on peut encore s’en servir ! Mais je n’avais jamais pensé à une version sac à dos😄

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  7. Superbes !!! Bon ça me parait être un sacré challenge que je me suis lancé de vouloir en faire un aussi… Les accessoires et moi c’est pas trop ça, mais bon quand c’est ta petite soeur qui te le demande, que tu es trop contente qu’elle soit enceinte… ben… y’a plus qu’à !

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